SYLVICULTURE
Une déforestation millénaire La déforestation a connu son apogée à la fin du XIXe siècle avec pour conséquence des phénomènes érosifs intenses et l'accroissement de la torrentialité. Contrairement à une idée fausse, trop souvent répandue, les chaînes subalpines méridionales sont, depuis quelques décennies, en voie de reboisement. On le doit aux efforts considérables déployés par le Service des Eaux et Forêts sous la Troisième République, à la disparition presque complète du mode de vie traditionnel et à l'abandon de l'agriculture.
A l'origine, lorsque les premières communautés humaines se sont installées dans la région, celle-ci devait être très boisée, y compris jusque sur les sommets aujourd'hui dénudés. Le lieu dit la Méléa (Tête de Mélèze) laisse supposé que le massifdu Barrot devait pour une large part correspondre à une forêt de mélèzes. L'action de l'homme, modeste au début, s'est rapidement intensifiée, d'autant que la densité de peuplement est longtemps demeurée très élevée, avant de s'éffondrer au début du XXe siècle. Naturellement cela impliqua l'attaque du couvert forestier de toutes les façons possibles et à des fins multiples. Tout d'abord, pour les nécessités domestiques quotidiennes. Le bois constitue le seul combustible, tant pour se chauffer que pour cuisiner. Le bois est également indispensable à toutes les constructions. La longueur des troncs détermine souvent la largueur du maison. On emploie aussi le bois pour les fours à chaux et à plâtre. En 1786, la commune de Puget-Rostang se plaint de ne pas en avoir suffisamment pour réaliser des fours à chaux. Enfin, la mise en culture de nouvelles parcelles, conséquence de l'accroissement démographique, a grandement contribué à la disparition des forêts primitives; Il faut y ajouter les ravages causés par le petit bétail, notamment les chèvres puisque celles-ci étaient admises dans les forêts, y compirs après les coupes de parcelles, au détriment des jeunes plants restants. Les pluies violentes ont accéléré l'érosion, laissant l'empreint de ses griffes sur la montagne. Conscient des désastres dû aux déboisement, les habitants ont entrepris dans un premier temps la déforestation des ubacs peu propices aux récoltes. Une des premières conséquences néfastes connue dont l'histoire garde des traces écrites fut la catastrophe de 1525, où la Roudoule ravagea toute la partie basse de Puget-Théniers en emportant le pont. Au XVIIIe siècle, tous les règlements communaux tendent à préserver des espaces forestiers en les mettant en "défens". A Puget-Théniers, on rédige une charte pour lutter contre les éffets de la déforestation, mais il est déjà trop tard. Au milieu du XIXe siècle, le département des Basses-Alpes subit des crues catastrophiques. L'ampleur des dégâts incite l'Etat à intervenir de manière énergique.
Un siècle de reboisement
Le flottage du bois sur le Var
Les troncs flottaient à « bûches perdues » compte tenu du débit torrentiel des cours d’eau du Haut Pays. Sur le Var le flottage en radeau était néanmoins possible : -sur le territoire de la commune de Puget-Théniers au milieu du XIXe siècle. Au XVIIIe siècle on pratique déjà le flottage sur le Cians et le Var. - En 1633, Antoine Riboty de Rigaud convoie, sur le Cians, pour le compte de la commune de Puget-Théniers, 48 troncs abattus aux environs de Pierlas. Au milieu du XIXème siècle, la majeure partie des coupes proviennent de divers propriétaires : - du Val d’Entraunes, (St Martin d’Entraunes et Villeneuve d’Entraunes) Les quantités énormes de bois abattus et leur flottage contribuent grandement, malgré une stricte réglementation : Source :THOMASSIN Philippe - "le flottage du bois", dans Au fil de l'eau, Ecomusée du Pays de la Roudoule/Serre, Puget-Rostang, 2001. p. 95-98 |